Comment expliquer la méditation aux enfants : la pratique des petits cailloux

L’année dernière j’ai eu la chance de rencontrer le maître zen vietnamien Thich Nhat Hahn et de pouvoir lui poser quelques questions qui me tenaient à cœur. Son livre « Prendre soin de l’enfant intérieur » venait de paraître et sa lecture avait beaucoup éclairé ma compréhension de la bienveillance. Le ton, extrêmement simple et d’une grande tendresse, m’avait donné l’envie d’en connaître davantage sur le travail de ce grand maître de la compassion. Je souhaitais notamment savoir comment il introduit la méditation auprès des enfants qui viennent chaque été visiter son monastère du sud-ouest de la France.

Voici les belles réponses que Thây (« maître » en vietnamien) m’a offertes.

Vous avez été un des premiers à accueillir des enfants dans vos retraites, cela a toujours été très important pour vous. Vous parlez souvent des enfants, vous travaillez aussi avec les adolescents, comment faites-vous pour intéresser les jeunes au Bouddhisme ?

Thây : L’enfant en moi est toujours vivant et j’aime être entouré d’enfants. Au Village des Pruniers on commence tous les enseignements par dix minutes pour les enfants. Une retraite c’est comme la vraie vie dans le monde ! Les enfants peuvent pratiquer très bien. Nous avons organisé des retraites pour des centaines d’enfants, et leurs parents sont venus pour les soutenir, nous avons écrit des livres pour les enfants… Avec les enfants la pratique devient plus joyeuse. Les enfants apprennent à se servir de la cloche, ils apprennent le méditation du thé  – que nous avons adaptée en méditation de la limonade ! –  ou encore la pratique des petits cailloux.

Il y a des retraites pour les parents, les enseignants, pour les hommes et les femmes qui travaillent pour la paix, dans les métiers de la santé, pour les officiers de police, les hommes et les femmes d’affaires, qui souhaitent se transformer et conduire leur travail avec plus d’efficacité et de joie. On a aussi organisé des retraites pour les politiciens, en Inde, à Londres à Wachington DC…

M-L : Comment adaptez-vous votre enseignement aux enfants ?

Thây : Tout d’abord on doit se faire agréable pour les enfants, être détendu pour que les enfants aiment venir s’asseoir près de vous. Alors on peut organiser la pratique de manière agréable ! Les enfants  peuvent marcher en pleine conscience, peuvent s’asseoir dans la pleine conscience et se réjouir du silence. On ne les force pas. Les jeunes moines et moniales, les enseignants laïcs sont capables d’enseigner la pratique aux enfants avec des programmes dédiés.

Par exemple les enfants font la méditation des cailloux : chaque enfant a quatre cailloux qui représentent une fleur, une montagne, l’eau tranquille, l’espace.

La fleur c’est la fraîcheur, la beauté.

L’enfant met le premier caillou dans la paume de sa main gauche et la repose dans sa main droite. Il commence « J’inspire je me vois comme une fleur, j’expire je me sens frais comme une fleur, une fleur fraîche. » Le corps humain est une sorte de fleur dont il faut savoir préserver la fraîcheur et la beauté.

Le deuxième caillou « J’inspire je me vois comme une montagne, j’expire je me sens solide » la solidité, la stabilité sont des conditions de base pour le bonheur. L’enfant peut déjà commencer à cultiver la stabilité, la solidité de la montagne.

Le troisième caillou représente la force tranquille ! « J’inspire je me vois comme une eau tranquille, j’expire je reflète les choses telles qu’elles sont. » Si vous avez de la paix en vous alors il n’y a plus de perceptions erronées qui donnent peur et jalousie. Et l’enfant peut commencer à cultiver la paix intérieure.

Le dernier caillou représente l’espace « J’inspire je me vois comme espace, il y a beaucoup d’espace dans mon cœur et autour de moi. J’expire je me sens libre. » La liberté est une condition de base pour le bonheur, si vous n’avez pas assez d’espace dans votre cœur, autour de vous, le bonheur sera une chose impossible.

Si vous voulez faire le bonheur d’un autre, il faut lui offrir de l’espace « Chérie, j’ai de l’espace pour vous ».

Offrez de l’espace pour son cœur. La lune est belle car autour d’elle il y a tant d’espace. Un homme, une femme qui n’a pas assez d’espace autour de lui, d’elle, n’est pas une personne heureuse. L’espace est très important. L’enfant peut très tôt cultiver la liberté.

Et nous avons beaucoup de choses comme ça à offrir aux enfants.

Pour découvrir l’intégralité de l’entretien réalisé avec Philosophies.tv et  le Monde des Religions cliquez ici

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