L’amour qui guérit

Je viens de finir les épreuves du livre L’amour qui guérit de Sharon Salzberg qui sortira en librairie le 22 janvier prochain. J’ai rencontré Sharon il y a deux ans, lorsqu’elle est venue en France donner une conférence pour l’École occidentale de méditation. Ne connaissant d’elle que la photo de presse « officielle » très souriante et apprêtée, j’ai d’abord été surprise de rencontrer une femme qui semblait très fatiguée presque un peu bougon. Mais dès que j’ai commencé à parler avec elle, j’ai senti l’immense gentillesse qui l’anime. J’ai senti aussi combien cette femme a dû traverser d’épreuves et le courage dont elle fait preuve en consacrant sa vie à la transmission de la pratique de la bienveillance, la méditation de Metta.

Comprendre la souffrance

La lecture de son ouvrage L’amour qui guérit m’a impressionnée. La compréhension que Sharon Salzberg a de la souffrance humaine, la manière dont elle nous prend par la main pour nous inviter à développer, très concrètement, amour et bienveillance est tout simplement remarquable. Avec elle, pas de grand discours, pas de prétentions intellectuelles mais un langage d’une grande simplicité et donc d’une grande force.

Sharon Salzberg a le don de rendre la bienveillance évidente, presque palpable

déclare Matthieu Ricard

et c’est ce qui est si bouleversant dans son livre. Grâce à elle, nous sentons que nous pouvons y arriver, qu’une honnête aspiration peut réellement œuvrer en nous. Et que oui, la bienveillance envers nous, envers les autres, envers le monde est notre nature profonde, sans l’ombre d’un doute.

Arrêter de s’en vouloir pour tout

Sharon Salzberg explique ainsi clairement qu’aucune transformation spirituelle véritable n’est possible si l’on ne dépasse pas notre propension à toujours nous en vouloir de tout et de n’importe quoi. Si l’on ne s’aime pas soi-même, notre volonté de bien faire se transforme en sacrifice.

Pour moi qui me suis tournée vers la méditation, car épuisée des différents rôles sociaux que j’avais à jouer, son invitation à devenir intime avec nous-mêmes dans la plus grande intégrité est très frappant : « Pour vivre cette intégrité, nous devons arrêter de fragmenter et de compartimenter notre existence. Mentir au travail en espérant accéder à de grandes vérités en méditation n’a aucun sens. Utiliser son énergie sexuelle d’une manière qui nuit à soi-même et à autrui tout en essayant de trouver l’amour transcendant dans un autre domaine ne mène à rien. Chaque facette de notre existence est reliée à toutes les autres. Cette vérité est le fondement d’une vie éveillée. » Elle parle ainsi d’une vie qui s’unifie en « formant un vêtement d’une seule pièce où rien dans la réalité spirituelle que nous découvrons n’est cloisonné ni déconnecté ».

Se relier à la douleur des autres

Sharon Salzberg décrit très bien également la manière dont, en sentant notre propre douleur, nous pouvons nous relier à la douleur des autres ; comment, au moment où nous percevons la joie particulière de l’amour, nous pouvons nous relier aux autres qui éprouvent la même joie, à chaque fois qu’ils font l’expérience de l’amour.

Elle nous aide ainsi à dissoudre ce sentiment de séparation dont nous souffrons tant et nous invite à réanimer, de manière très phénoménologique, ce qui nous unit aux autres êtres.

Lire son livre au moment où la France, le monde, sont si fortement blessés par les actes terroristes d’une grande violence, peut être une belle manière de retrouver le chemin de notre cœur.

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