Le tabou de l'âge des femmes. Femme âgée portant un chapeau et riant de voir son reflet dans une vitrine. Elle est habillée de couleurs vives et porte un rouge à lèvres rouge vif

L’âge des femmes est-il encore tabou ?

Récemment, la journaliste Emmanuelle Mary m’a interviewée dans le cadre d’une enquête* qu’elle menait sur l’âge des femmes. Nos regards ont-ils évolué sur cette question ? À mon avis… pas assez ! L’âge des femmes reste tabou. On le cache, on le dissimule, on réarrange la vérité ou on reste très discrète sur la question… et si on décide de déclarer fièrement son âge, on essaie tout de même d’avoir l’air plus jeune… Pour avoir l’air en forme, pour rester opérationnelles, rester sur le marché, rester « dans la course »… autant d’impératifs renforcés à mesure que les années s’accumulent sur notre CV…

Les femmes se cachent pour vieillir

Les femmes se cachent pour vieillir… Et si elles ne le font pas, la société du travail, la société du spectacle et la société de l’échange amoureux, s’en chargent pour elles. Cette mise à l’écart orchestrée – on pourrait dire quasiment « naturellement », tant elle ne choque personne – est cruelle, et injuste. Mais elle est aussi tout à fait dommageable pour notre vivre ensemble.

3 effets pervers de cette mise à l’écart

Premièrement pour les femmes directement concernées c’est absolument ahurissant que l’âge soit devenu un sujet honteux. Il n’y a qu’à voir le nombre de livres qui sortent sur le sujet et qui dénoncent la peur que l’âge fait peser sur nous. Car oui, aujourd’hui les femmes ont peur de vieillir car elles savent fort bien que cela les pénalise sur le plan professionnel et sur le plan social. Elles pourraient éprouver un sentiment de liberté car elles n’ont plus la charge des enfants, elles connaissent mieux leurs talents, leurs compétences, elles connaissent mieux leur désir aussi. Tout cela pourrait créer une aisance et une joie de vivre nouvelles… Au lieu de cela, elles doivent cacher les années qui font pourtant souvent d’elles des femmes sages et accomplies !

La perte de modèles

Deuxièmement, cette discrimination anti-âge coupe les jeunes générations de modèles inspirants et rassurants. Il y a comme une zone grise dans laquelle sont englouties les femmes à partir d’un certain âge… C’est très dommage car cela entretient auprès des plus jeunes cette même peur de vieillir puisqu’elles intègrent que vieillir c’est disparaître, c’est être déclassées, c’est se retrouver hors compétition. Donc, pas de Role Model en perspective et une peur entretenue dès notre entrée sur le marché du travail.

Briser les liens entre générations

Troisièmement, et c’est certainement ce qui me peine le plus, invisibiliser les femmes de plus de 50 ans (au travail, au cinéma, dans les images populaires, dans les récits…) nous coupe d’un lien profond entre les générations. Or, j’en parle dans mon livre « Affirmez-vous ! » : la sororité, les partages entre femmes de différentes générations, une meilleure connaissance les unes des autres, à tout âge, permettrait la création d’une chaîne de solidarité et d’affection beaucoup plus forte. Le patriarcat nous apprend à nous méfier les unes des autres. Et nous avons trop souvent  intégré, sans même nous en rendre compte, cette méfiance. Mieux nous connaître, c’est-à-dire mieux nous voir, nous aiderait à mieux nous apprécier et à dissoudre cette méfiance.

On aime ce que l’on connaît.
Et pour se connaître il faut que chaque femme ait sa place, quel que soit son âge.


*Article paru dans Maxi « Les femmes assument mieux leur âge » juin 2023

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