Mon prochain livre Éclore, enfin sort le 15 février 2022 et mon attachée de presse chez Leduc.s éditions travaille depuis plusieurs semaines à le faire connaître des journalistes (un grand merci Hélène ;-). Pour la première conférence de presse qu’elle a organisée en décembre, Elle m’a demandé de répondre à trois questions :
- Pourquoi avoir écrit ce livre ?
- En quoi ce livre peut-il être réjouissant pour les femmes ?
- On vous connaît en tant qu’enseignante de méditation. En quoi cette pratique peut-elle aider à éclore ?
L’idée m’a plu, je me suis prise au jeu sans délai. Et j’ai pensé que cela vous ferait plaisir de découvrir aujourd’hui mes réponses…
Pourquoi avoir écrit ce livre Éclore, enfin ?
Tout est parti d’une question de ma fille aînée, 25 ans.
Comment se fait-il qu’après tous les combats féministes des années 70 on en soit encore là ? Qu’est-ce qui s’est passé ces 30 dernières années pour que les standards maritaux, familiaux, professionnels aient si peu bougé ?
La question m’a piquée au vif.
Je me suis interrogée sur les femmes de ma génération. J’ai cherché et j’ai découvert qu’il n’existait rien sur cette génération X*, comme si, coincées entre les baby-boomers triomphantes et les millenials décomplexées, les femmes de mon âge n’avaient rien accompli, en tout cas rien d’important. Pourtant, j’ai toujours trouvé les femmes qui m’entouraient fortes, belles, intelligentes, extrêmement compétentes. Mais aussi trop souvent complexées, épuisées, tiraillées.
Ce livre a l’ambition de sortir ces femmes de l’angle mort dans lequel elles ont été plongées injustement. Je mets notamment à jour le système de la double-contrainte auquel nous avons dû faire face, aussi bien professionnellement que dans la vie privée. La double contrainte consiste en un ordre qui contient en lui-même sa contradiction. La société nous a ainsi demandé l’impossible, partout. Et ce qui est incroyable c’est que nous avons relevé le défi, avec courage et détermination ! Nous avons traversé ces injonctions sans perdre notre âme ni notre raison.
En quoi ce livre peut-il être réjouissant pour les femmes ?
La couverture annonce en effet : Libérez-vous, accomplissez-vous, réjouissez-vous
Ce livre peut être très réjouissant d’abord parce qu’il réhabilite toute une génération de femmes pas aussi dociles qu’un certain mythe sociétal voudrait nous le faire croire. Je m’amuse notamment à passer en revue tout un imaginaire cinématographique et télévisuel qui, sous des dehors distrayants, a donné une image archi-fausse des femmes que nous sommes.
Par ailleurs on connaît la vertu du dévoilement : quand un système est vu, nommé, dénoncé, il y a déjà un effet curatif. Comprendre que nous avons vécu et travaillé sous la double-contrainte nous aide à voir que nous ne sommes ni anormales, ni inadaptées. C’est à la fois soulageant et réjouissant ! Je ne dis pas que nous sommes des saintes. Mais j’affirme que nous sommes une génération charnière qui a constitué un tremplin solide aux mouvements de libération actuels.
Et puis, le livre n’est pas seulement un constat. En partant de ma propre expérience, j’explique comment trouver sa place en faisant face à ses craintes et à ses limites. J’évoque ainsi des pistes de travail pour retrouver de la joie (une énergie tellement puissante) et de la fierté. J’ai toujours aimé les choses concrètes et il me semblait important d’étayer mes propos par des clés pratiques pour reprendre les rênes de sa vie.
On vous connaît en tant qu’enseignante de méditation. En quoi cette pratique peut-elle aider à éclore ?
Un slogan que j’entends depuis mon enfance est « Notre corps nous appartient ». Mais dans une société cartésienne comme la nôtre, qui a oublié le corps au profit du mental, qui conceptualise tout à outrance et digitalise chaque partie de notre vie, de quel corps parle-t-on ?
La méditation est une voie royale pour réapprendre à habiter notre corps pleinement. Elle nous aide à retrouver une présence corporelle concrète, une intelligence du corps qui nous sort de l’abstraction qui règne en maîtresse aujourd’hui.
Méditer, c’est passer d’un monde conceptuel, flou, menaçant, à une existence concrète, tangible, avec laquelle nous pouvons travailler.
La méditation peut également nous libérer de l’image encore tabou de nombres de manifestations corporelles : les règles, le post-partum, la ménopause sont les signes de nos propres forces de vie et non un sujet de honte.
Depuis bientôt 20 ans la méditation m’apprend à être là où je suis au lieu de rester enfermée dans ma tête. Alors oui, à ce moment-là, je peux dire que mon corps m’appartient et que je l’habite avec joie en méditant, en dansant, en me promenant, en allant au bureau, en aimant, en écrivant… Réhabiliter notre corps c’est la possibilité d’éclore, enfin.
*Nées entre 1961 et 1981