Mon troisième livre Vive la méditation vient de sortir. Il explore les ressources de la méditation au quotidien. Et j’ai envie aujourd’hui de partager quelques réflexions avec vous, autour de l’art de ralentir. Autour de la possibilité de mieux voir notre vie.
On peut aujourd’hui passer des journées entières sans avoir la moindre idée de ce que l’on vit. Ou alors juste imaginer ce que l’on vit à partir de concepts. À partir d’un fatras de ressentis un peu flous et vagues : c’est bien / ce n’est pas bien, ça me plaît / ça ne me plaît pas, je suis contente / je suis de mauvaise humeur…
On pose des étiquettes très rapidement. On s’empare de petites satisfactions, on s’enivre de petits plaisirs, et on rejette tout ce qui est désagréable.
La méditation, une parenthèse bénéfique
L’immobilité que nous adoptons dans la méditation nous permet d’observer notre speed, notre fatigue, notre obsession de vouloir toujours bouger… Par contraste, parce qu’on ne bouge plus, on sent les mouvements de notre corps. La méditation nous permet alors de sentir à quel point notre corps est vivant : notre souffle, les battements de notre cœur, des picotements ou pulsations à certains endroits du corps, nos inconforts ou nos douleurs physiques…
Notre perception de la vie devient plus fine, plus intéressante.
Ralentir pour mieux voir
Méditer nous permet de ralentir, de nous arrêter un moment. Or dans un monde où la vitesse n’a plus aucune limite, il est sain et même vital d’apprendre à s’arrêter.
Mais la manière dont la méditation nous invite à nous arrêter est très particulière :
- C’est une manière vivante
elle est très ouverte
elle est éveillée
elle est intelligente, curieuse
et au fond elle très active, c’est une manière de ne rien faire qui est très active.
Apprendre à mieux voir
Dans l’immobilité de la méditation, nous développons beaucoup plus d’attention et d’intelligence envers tous ces phénomènes du quotidien.
On prend le pari de faire l’expérience de ce qui arrive pendant la session.
Qu’est-ce que ça fait au juste dans mon corps, dans mon être, d’être fatigué, ou joyeux ou en colère, ou déprimé ? Quelle texture ça a ? Quelle densité? Quelle couleur ? Quel goût ?
Comme l’écrivait le philosophe américain Alan Watts
On nous a appris à négliger, dédaigner et faire violence à notre corps, et à mettre toute notre foi en notre cervelle… Nous avons permis à la pensée du cerveau de prendre en charge et de dominer nos vies en-dehors de tout rapport avec la « sagesse corporelle », que nous avons laissée s’atrophier.
Il s’agit de ne plus négliger la dimension corporelle de notre être, d’arrêter de croire que nous sommes de simples cerveaux…
Le goût des choses
En fait tout a un goût, une saveur, une teneur…
L’immobilité durant quelques instants nous permet d’observer cela, de prendre le plus grand soin de notre corps, de nos sensations, de nos sens.
Si on souhaite que notre vie devienne plus intéressante alors on peut s’intéresser à tous ces détails du quotidien que révèlent les perceptions sensorielles.
Car, en effet, si on ne sait même pas ce que l’on ressent ou dans quelle humeur on est, il y a de fortes chances que l’on soit à côté de la plaque quand on agit et qu’on prend une décision…
Le bruit de nos pensées
Le silence dans lequel nous nous posons dans la méditation nous permet, quant à lui, d’entendre le bruit de nos pensées !
On s’assoit, on décide de se taire et de ne plus bouger pendant quelques minutes et là, grande découverte, on réalise que ça n’arrête pas de tourner dans notre tête !
Le bruit incessant et parfois assourdissant de nos pensées est lui d’habitude masqué par toute l’agitation que nous sommes capables de déployer au quotidien.
Agir sans être vraiment là
C’est très bien de faire des choses, mais le nombre de fois où l’on se surprend à les faire mécaniquement, ou par réflexe, sans même plus faire attention à savoir si cela a du sens ou si c’est opportun… Écrire et envoyer un mail à toute vitesse – sous la pression d’une pseudo urgence – en laissant le correcteur automatique envoyer des contre-sens. Répondre à un enfant sans même avoir pris le temps d’entendre la question pour de bon. Se camper sur une idée que l’on a d’une situation ou d’un événement sans laisser d’espace à une autre vision des choses…
Il y a de nombreuses occasions de suivre nos pensées comme un âne suit la carotte, et sans récompense au bout en plus !
Aérer nos pensées
Dans le silence de la méditation, on découvre cette vélocité de l’esprit, cette agilité parfois magnifique et qui parfois nous leurre aussi. En nous posant, en nous asseyant, nous aérons nos pensées. Nous leur laissons davantage de place au lieu de les entasser toujours plus nombreuses de manière étouffante.
On se redonne la possibilité de penser pour de bon au lieu d’être prisonnier de mille et une idées contradictoires à la fois.
Vive la méditation
Alors oui, vive la méditation, vive une existence plus habitée et plus saine.
En méditant, on purifie l’air ambiant de notre esprit, patiemment et sans violence.
C’est en cela que la méditation est un acte d’intelligence. Qu’elle peut nous permettre d’agir plus justement, en nous libérant de nos habitudes remplies de bruit et d’agitation.
Vive la méditation, Leduc.s éditions, Août 2017 – Livre avec un CD de 20 méditations guidées et exercices à pratiquer au quotidien.