Les femmes dans le Bouddhisme, mythe ou réalité ? Quand j’entre dans un temple bouddhiste, je sens immédiatement la présence chaleureuse du Bouddha placé sur l’autel. Je sens la noble assurance des bodhisattavas (les héros pour l’éveil) emplis de courage : Avalokiteshvara, le bodhisattva de la Compassion, Manjushri qui tranche à travers la confusion ou Vajrapani qui garantit une action parfaite et désintéressée. Tous trois sont représentés sous la forme de jeunes hommes vigoureux.
Je sens aussi la folle énergie du puissant Padmasambhava, qui introduisit le Bouddhisme au Tibet au VIIIe siècle. Je peux voir tout un panthéon de Bouddhas, d’enseignants et de disciples sur les bannières murales…
Mais de présence féminine, je n’en vois pas…
Les femmes dans le Bouddhisme, mythe ou réalité ?
Où sont les femmes dans le Bouddhisme ? Ont-elles une autre place que celle de mère, de fille ou d’épouse ? Ces femmes ont-elles transmis des enseignements cruciaux au fil des siècles ? Ont-elles jouer un rôle dans la connaissance et la préservation du Bouddhisme jusqu’à nos jours ?
La réponse est… oui !
J’ai découvert le Bouddhisme en 2004. Cette tradition m’a énormément éclairée sur l’esprit humain. Elle m’a aidé à décortiquer finement nos manières de faire, de penser, de réagir, de sentir, d’aimer. Cette voie m’a ouverte à une compréhension de la compassion différente de l’entente habituelle. Cette compassion qui permet de transformer l’empathie en un geste de bonté. La compassion est un amour plein d’intelligence et indissociable de l’engagement dans le monde. Cette voie était présentée et portée par une lignée d’hommes.
Mais de figures féminines je n’en voyais point…
J’ai même lu à plusieurs reprises que dans le Bouddhisme être née femme était un obstacle à la pratique…
Et puis, ces dernières années, ma curiosité m’a poussée à regarder de plus près cette structure masculine que je pensais – naïvement – indiscutable… Un nouvel horizon s’est révélé à moi. Je suis entrée dans un monde peuplé de dakinis, de yoginis, de déités et de Bouddhas féminins …
L’origine de tous les Bouddhas
Rappelons tout d’abord que dans le Bouddhisme tibétain, c’est un principe féminin qui préside à l’ensemble du panthéon. Prajnaparamita, qu’on pourrait traduire par la vision pure et sans limite, est considérée comme l’origine de tous les Bouddhas. C’est d’elle que jaillit toute manifestation et toute connaissance. On pourrait argumenter que c’est davantage un mythe, voire un symbole, qu’une femme mais là n’est pas la question. Mon propos est de montrer que le féminin est absolument central dans cette tradition.
Une lignée de guides spirituels féminins
À partir de Prajnaparamita, origine de tous les Boudhhas, une lignée de femmes (et d’hommes) apparaît dans toute sa puissance et sa clarté. Tara, et ses 21 manifestations. Vajrayogini ou Vajravarahi. Yéshé Tsogyal, à la fois femme historique ayant atteint l’éveil et déité fulgurante. Point très intéressant, ces manifestations de la sagesse peuvent se montrer tour à tour apaisantes et terrifiantes. Le féminin n’a rien de gentillet ni de consensuel ! Bien au contraire, il est une source d’énergie puissante.
Autant de figures féminines inspirantes qui peuvent nous aider à mieux entrer dans la tradition de la méditation de manière pleine et entière. Et nous donner le courage de nous engager dans le monde.
Des enseignantes exceptionnelles
Le Bouddhisme tibétain s’est aussi construit grâce à de nombreuses femmes ayant existé historiquement. Elles furent maîtres spirituels, détentrices d’enseignements exceptionnels, pratiquantes remarquables d’intelligence et de compassion… Au XIe siècle, Machik Labdrön est l’exemple d’une femme au parcours prodigieux qui eut de très nombreux disciples. Elle a transmis des enseignements et des pratiques méditatives qui se sont ensuite diffusées très largement dans toutes les écoles du Bouddhisme tibétain. Pratiques qui ont traversé les siècles et perdurent aujourd’hui.
Une question contemporaine
Mais les femmes dans le Bouddhisme existent également ici et maintenant ! Le Bouddhisme est aujourd’hui revivifié par des enseignantes occidentales qui ont été formées par de grand·es maîtres tibétains. Les américaines Pema Chödron ou Tsultrim Allione, l’Anglaise Tenzin Palmo et de nombreuses autres, œuvrent chaque jour à transmettre les enseignements les plus authentiques qu’elles ont reçus. Par leur voix particulière et leur travail de fond, elles accompagnent des milliers de femmes (et d’hommes) en quête de sens et de libération.
Pourquoi avons-nous besoin de figures féminines ?
Parce qu’elles sont une pièce essentielle à la compréhension du Bouddhisme et de la méditation. Par ailleurs il est primordial de pouvoir se reconnaître dans les récits. De pouvoir s’identifier à des parcours, qu’ils soient historiques ou mythiques. De trouver des modèles qui nous inspirent au plus profond de notre cœur, de notre corps, de notre chair. Et pour cela parfois, ne se référer qu’à des exemples masculins ne facilite pas le chemin…
Un week-end pour découvrir les femmes dans le Bouddhisme
C’est dans cet état d’esprit que j’ai choisi de partager mes découvertes lors d’un week-end à Paris les 25 et 26 août, à la Maison de la méditation. Je vais avoir la joie de raconter la vie de ces déesses, de ces dakinis et des ces « femmes humaines ».
À la manière de contes anciens et fondateurs, la vie de ces femmes nous enseignent comment mieux nous libérer et nous épanouir.
J’alternerai ces récits avec des méditations guidées spécifiques inspirées par cette lignée feminine. Une manière de plus de montrer que la méditation peut libérer les femmes ! Ce week-end est ouvert à toutes et tous, aucune connaissance du Bouddhisme n’est requise.
Merci chère Marie Laurence pour ce partage. Pour ma part ce sont les enseignements de Pema Chodron qui m ont , je pèse mes maux, sauvé la vie et permis de me relever, d être aujourd’hui , comme dit mes enfants, le pilier de notre petite famille. J ai pu aussi mettre en pratique une éthique de vie grâce à son décryptage des slogans d Atisha. Elle est ma force au quotidien. J aurai le plaisir d être parmi vous à ce séminaire. Souverainement, Pascale. Aix-en-Provence.
Entièrement d’accord avec toi chère Pascale. J’ai lu Pema Chödron à un moment particulièrement aigü de ma vie et cette lecture m’a énormément soutenue. Hâte de te retrouver pour ce week-end à Paris !
De tout cœur merci Marie-Laurence pour ce week-end passionnant, inspirant de récits, de pratiques, de partage avec clarté et finesse des chemins de vie des figures emblématiques de ces femmes, des dakinis qui nous enseignent « comment mieux nous libérer, nous épanouir. »
C’était mon premier contact avec le bouddhisme tibétain et je pense qu’au moins une première graine, celle de la curiosité, vient d’être semée.
Chaleureusement,
Andreea
C’est une grande chance que nous avons eu de partager ce week-end et d’avoir découvert des figures féminines intenses, sages, puissantes et inspirantes. Merci Andreea