une grand mère et sa petit fille déjà femme discutent enesmble joyeusement. Elles sont assise sur de beaux fauteuils rouges

Et si vieillir devenait une aventure ?

Rencontrer Marie de Hennezel est toujours une joie pour moi. Psychologue, conférencière et écrivaine, Marie de Hennezel déploie depuis plus de trente ans un travail remarquable. En examinant sa carrière, j’y vois un FIL ROUGE : ce que fait Marie de Hennezel est un travail de dévoilement.

Révéler ce que nous ne voulons pas voir

En effet, Marie de Hennezel lève le voile qui obscurcit trop souvent notre regard sur ce que l’on ne veut pas voir. Ou sur ce que l’on regarde mal : la maladie, la vieillesse, la fin de vie, la mort… Mais aussi l’invisible ! Ça c’est le sujet de son avant-dernier livre Vivre avec l’invisible

Ainsi, Marie de Hennezel mène un travail de fond pour changer notre regard sur ces aspects de l’existence humaine que nous avons tant de mal à regarder sereinement. Et qui pourtant sont des aspects à la fois essentiels et inéluctables de la vie humaine.

Une image dégradée de la vieillesse

L’image que nous avons de la vieillesse est tellement dégradée… On ne parle souvent que des côtés négatifs de la vieillesse. Mais est-ce qu’être âgé·e c’est forcément être déficient·e, dépendant·e, acariâtre, diminué·e… ? Non, nous répond Marie de Hennezel dans son dernier ouvrage. Mais c’est à nous, toutes et tous ensemble,·e de le faire savoir. « Nous » c’est-à-dire les générations de retraité·es et futurs retraité·es qui peuvent témoigner de leur joie de vivre au lieu de laisser aux médias le monopole de la communication sur l’âge ! J’ai appris par exemple à la lecture du livre de Marie qu’il existe un Conseil national autoproclamé de la vieillesse (CNaV) qui est un mouvement citoyen. Lors de l’inauguration du CnaV, Ariane Mnouchkine, qui a 83 ans, a dénoncé un manque d’imagination autour de la vieillesse. La metteuse en scène invite à nourrir l’imagination de nos enfants et de nos petits-enfants pour montrer que le mot vieux n’est pas synonyme de rebut.

Mieux connaître la vieillesse pour entrer en amitié avec l’âge

Donc on connaît mal la vieillesse, car ce sont souvent uniquement les côtés négatifs qui sont médiatisés. Or quand on connaît mal quelque chose c’est difficile de l’aimer…

D’après une enquête IPSOS de 2018, près de 80% des Français sont inquiets de vieillir. Les jeunes ont peur de vieillir… Pourtant jeunes et vieux peuvent se trouver un point commun très fort, c’est l’envie de vivre, c’est l’amour de la vie. Et c’est ce que montre bien Marie de Hennezel qui nous rappelle également notre devoir de transmission en citant le réalisateur Ludovic Virot :

«… ceux qui ont vécu longtemps ont des choses à partager avec nous »

L’aventure de vieillir

Aborder l’avancée en âge de manière sereine n’est pas seulement une question de confort, mais un enjeu social majeur. C’est pourquoi Marie de Hennezel tente de changer notre regard en présentant l’âge comme une aventure. L’aventure comprend des risques bien entendu, une part d’inconnu, mais aussi beaucoup d’heureuses surprises… Changer notre propre regard sur notre vieillesse pour inventer un nouvel art de vieillir. J’aime beaucoup par exemple quand Marie de Hennezel nous rappelle que nous avons la responsabilité de notre vie intérieure. Et que plus cette vie intérieure est riche, plus elle est nourrie, mieux on vieillit. Pour ma part, c’est tout à fait ce que m’apporte la méditation. Cette ouverture à l’aventure qu’est ma vie, avec ses peurs et ses joies. Marie parle d’ailleurs de la méditation comme d’une clé centrale du mieux vieillir. Elle initie à cette pratique lors des séminaires qu’elle dirige pour le Groupe Audiens.

La croyance erronée que les vieux sont inutiles…

Il y a une croyance bien ancrée dans notre société : quand on prend sa retraite, on n’est plus productif. On ne contribue plus à l’économie du pays. Au contraire on deviendrait même un·e assisté· en quelque sorte… Or en écoutant une interview que Marie de Hennezel a donnée à Domitys, un organisme de Résidences Services, j’ai appris que 1/3 des bénévoles en France avait plus de 65 ans… C’est-à-dire qu’il y a tout un énorme travail invisible réalisé par les personnes âgées mais qu’on oublie, dont on ne parle jamais. Pourtant, si ces vieilles et ces vieux n’effectuaient pas ce bénévolat, le pays ne pourrait pas tourner ! Marie d’ajouter même que, sans ces vieux, le pays s’effondrerait !

C’est étonnant que l’on ne parle souvent que du poids des retraites, de la charge des personnes âgées pour la société et que l’on ne parle jamais de tout ce que ces personnes nous offrent !

Pour voir en vidéo ma dernière rencontre avec Marie de Hennezel, c’est ici.

Photo de l’article : Anastasia Shuraeva

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