Nous avons peu à peu distingué le corps de l’esprit, les séparant en deux entités « complémentaires », l’esprit étant associé au cerveau et le corps devenant un outil qu’il faut – au mieux – entretenir.
De la même manière, nous avons progressivement séparé le sentiment de l’intelligence.
Ainsi, aujourd’hui, nous considérons que tout ce qui est sérieux, raisonnable, responsable est du ressort de l’esprit, de l’intelligence, et nous laissons au cœur les affaires sentimentales, les émotions, les passions irraisonnées, allant jusqu’à croire que « l’amour est aveugle ».
Les romans d’amour, même les plus beaux, sont devenus une distraction et non un enseignement de vie.
Et lorsque l’on veut avoir une discussion sérieuse, on parle plutôt affaires, politique ou découverte scientifique !
Et pourtant, l’amour véritable est intelligent.
Une mère qui se relie véritablement à l’amour qu’elle a pour son enfant saura ce qu’il faut faire pour lui. Un ami qui vous regarde avec son cœur saura vous parler et vous écouter.
Les mots tombent parfois malades et il faut les soigner. Nous avons tendance à utiliser le mot amour pour parler d’envie ou de désir comme dans l’expression “j’aime les hamburgers”. Nous devons être plus attentifs aux mots que nous employons. L’amour est un très beau mot dont nous devons restaurer le sens. Le mot maitri a ses racines dans le mot mitra, qui signifie ami. Dans le bouddhisme, le premier sens du mot amour est l’amitié.
Thich Nhat Hanh
Extrait de La méditation de la bienveillance paru aux Éditions Leduc.