Un enfent dans le RER francilien, porte un tee-shirt. Il est appuyé contre son père qui regarde son téléphone. Tout le monde à chaud.

Devenir ami avec les situations

Quand il fait chaud comme ces jours-ci, qu’il y a peu d’air et que le moindre mouvement nous réchauffe encore plus, nous pouvons vraiment en profiter pour ralentir. Ralentir et prendre le temps d’apprécier…

Apprécier Quoi ?

Qu’il fait chaud tout d’abord. Et que c’est bon. Quelle chance de ne pas avoir froid, d’être ainsi accueilli par un climat chaud, doux. On peut gentiment se laisser être, se détendre. La chaleur invite à cela.

On peut aussi apprécier de ralentir.
On ralentit le pas et on apprécie de ralentir. De marcher pour de bon dans la rue. En sentant son corps, son poids, sa température. En sentant notre présence.

On boit un verre d’eau fraîche et on apprécie tant de fraîcheur soudaine dans la bouche, dans notre corps.

On s’asseoit sur un banc dans un parc, ou sur une chaise dans notre bureau, et on prend le temps de regarder la vie qui est là juste devant nous.

Voir pour de bon

Peut-être remarquerons nous un enfant qui pleure ou qui joue. Peut-être remarquerons-nous une sonnerie de téléphone ou la voie du facteur qui dépose le courrier. Un cri dans la rue. La perceuse d’un bricoleur qui aménage son logis pour l’été. Cette voisine qui arrose ses jardinières.

On peut aussi apprécier… d’être en vie, de respirer. De pouvoir parler à un ami, à sa femme, à ses collègues.

On peut  apprécier que le soleil existe, qu’il rayonne, qu’il réchauffe, qu’il permette à la vie d’éclore partout sur la terre, qu’il permette aux hommes et aux animaux de se diriger dans le monde, de voir.
Ce soleil qui fait pousser les roses et le jasmin et qui nous offrent leur parfum à la tombée du jour… comme un cadeau pour la nuit.

Ralentir

Nous ralentissons, quelques secondes, quelques minutes, et nous redécouvrons mille et une choses. En prenant l’habitude de nous poser, nous permettons à notre expérience de résonner, de prendre toute sa place, de durer plus qu’un éclair. Que « l’éclair me dure », pour reprendre les mots du poète René Char.

Laisser résonner

C’est en laissant résonner nos expériences que nous laisserons résonner notre vie, que nous lui donnerons de l’ampleur, de l’épaisseur. Que nous pourrons en goûter l’intensité, le miracle qu’elle est. Le miracle qu’est chaque vie.

En nous posant, nous développons de la curiosité pour ce qui nous arrive. Et alors c’est comme découvrir un nouveau paysage ou un nouvel ami : nous sommes les yeux grand ouverts, prêt à rencontrer quelque chose de neuf, que nous ne savons pas d’avance et qui nous donne de la joie.

Si nous voulons vraiment rencontrer un ami, il est bon de nous poser, d’être pleinement présent pour l’écouter et lui laisser toute sa place. Alors l’amitié fleurit, votre bonté fleurit, votre confiance en la vie fleurit.

À chaque fois que nous nous posons, nous nous offrons la possibilité d’entrer en harmonie avec ce qui nous arrive : la chaleur, le soleil, un enfant qui joue ou qui pleure, un rendez-vous avec un ami.

Nous ressentons une grande détente, nous sentons qu’il y a quelque chose de bon dans l’expérience pleinement vécue.

Car nous poser nous permet de dissoudre ce sentiment de séparation d’avec les choses, les situations et le monde. Au lieu de nous penser victime de ce qui arrive, nous entrons dans la danse, nous sommes partie prenante et même nous nous fondons à ce qui arrive.

Se mettre au diapason

C’est parfois juste par négligence que nous sommes déprimés ou abattus.

Dès que nous nous mettons à l’écoute nous nous mettons au diapason.

C’est ainsi que nous apprenons à devenir ami avec tout ce qui compose notre vie.

L’existence est quelque chose de merveilleux et de précieux. Nous ne savons pas combien de temps il nous reste à vivre ; donc, pendant que nous avons la vie, pourquoi ne pas en faire usage ? Et avant même d’en faire usage, pourquoi ne pas l’apprécier ?
Comment faire pour parvenir à cette appréciation ?… La discipline qui permet à la fois de cultiver de la douceur envers soi-même et d’apprécier son monde est la méditation assise. *

*Chögyam Trungpa Shambhala Éditions du Seuil

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