Une jeune femme asiatique, de os, dans une lumière de clair obscur, a le visage légèrement tourné vers l'objectif. Elle porte des ailes d'ange. Une image inspirante qui invite à la créativité

Une réserve époustouflante de créativité

Longtemps j’ai associé la création à l’artiste maudit. Je dis bien maudit et non maudite, car de toutes façons être artiste se conjuguait au masculin. Mon enfance et mon adolescence ont été inondées de ces images de poètes prisonniers de la misère et la souffrance. Ces peintres incompris. Ces acteurs torturés… Ce mythe m’a éloignée de la créativité en me faisant attendre la traversée de l’enfer avant de me sentir légitime de créer.

Pourtant, au final, la vie m’a appris bien autre chose…

La créativité est du côté de la santé

Je viens de terminer le roman de Jeannette Winterson « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » et voici comment elle y parle de la créativité en évoquant les épisodes de dépression et de folie qu’elle a traversés :

J’étais toujours prête à sauter du toit de ma vie. N’est-ce pas romantique ? N’est-ce pas la marque du déchaînement d’un esprit créatif ? Non. La créativité se tient du côté de la santé – ce n’est pas elle qui vous rend fou ; elle est cette force interne qui tente de nous sauver de la folie. 

La créativité se tient du côté de la santé. Voilà qui pourrait nous aider davantage à aborder l’art que la légende du poète maudit. La créativité se tient du côté de la santé et elle se loge dans notre quotidien le plus ordinaire. Ce que demande la créativité, pour éclore, n’est peut-être pas tant la souffrance que l’attention… La poétesse anglaise Kae Tempest définit la créativité comme « l’aptitude à s’émerveiller, l’envie de réagir à ce qui nous bouscule. Ou, plus simplement, c’est un acte d’amour, quelle qu’en soit la nature. ». La santé, l’émerveillement, l’amour, voilà des directions qui invitent à un autre rapport à la création, à l’art, à l’art d’être humain·e.

La créativité n’est pas un combat

Il me semble que l’on pourrait dire que la créativité est du côté de la détente, de l’ouverture. Elle n’est pas l’expression autocentrée d’une personnalité, contrairement à ce qu’on nous raconte aussi trop souvent depuis quelques siècles… Je viens d’écouter un enseignement de Tsültrim Allione. Un participant lui demande la différence entre l’égocentrisme et l’amour de soi. Tsültrim Allione lui répond : « L’égocentrisme contient beaucoup de tension, ce tiraillement provoqué par le désir d’obtenir ce qu’on veut et de rejeter ce qu’on ne veut pas. Alors que l’amour de soi est une forme de détente, une forme de confiance. Dans l’égocentrisme il y a toujours un combat. »

Cela résonne avec la pratique que cette enseignante américaine a forgée « Nourrir ses démons » qui, loin du combat contre ses peurs, consiste à nourrir et non détruire. Ou, comme le dit si joliment Tsültrim Allione dans sa langue maternelle « Feeding not Fighting »

Un regard unique et singulier

Pour autant, cela ne veut pas dire que la créativité ne requiert pas un effort, un engagement. Il s’agit d’explorer nos ressources profondes, trop souvent oubliées, pour accéder à notre liberté créative. Nous rassemblons ces ressources pour concrétiser le regard unique et singulier que nous portons sur la vie. Autrement dit, il ne faut pas avoir peur de ce qui est caché en nous, tapi dans l’ombre. Ce que Audre Lorde décrit ainsi :  « ces espaces du possible enfouis en nous sont obscurs parce que anciens et cachés. Au cœur des ces profondeurs, chacune d’entre nous tient entre ses mains une réserve époustouflante de créativité et de puissance, d’émotions et de sensations vierges et inexplorées. Le lieu de la puissance féminine, en chacune de nous, n’est ni blanc, ni superficiel ; il est sombre, il est ancien, il est profond.  »

Comment se mettre à l’écoute de notre puissance créative ?

Ces sensations vierges et inexplorées sont le germe de notre imagination. Se mettre à leur écoute est la clé. Mais comment ? En faisant silence par exemple, pour mieux entendre ce que ce lieu de la puissance peut nous apprendre. Pour ouvrir notre esprit et notre corps à des sensations nouvelles. La méditation nous offre alors « une réserve époustouflante de créativité ». Ou encore, en laissant le silence nous métamorphoser.

Sur mon chemin, c’est la découverte de la méditation guidée « Nourrir ses démons » qui a relancé ma créativité. Non seulement cette pratique propose d’aller chercher ce qui est tapi dans l’ombre, de le mettre en pleine lumière mais aussi de le transformer, de le modeler, de lui donner une nouvelle forme, de le re-créer… Pour reprendre les mots de Kae Tempest on s’absorbe « totalement dans l’expérience au moment où elle est vécue, l’esprit tout entier tendu vers chaque détail ». Avec cette méditation, nos démons se révèlent enfin des allié·es potentiels. Leur énergie se transforme en un élan vital et créatif. Cette énergie retrouvée nous aide à dessiner, à peindre, à écrire, à sculpter… mais aussi à préparer à manger ou à parler à un enfant.

Un quotidien fait de joie et de curiosité

Je suis tombée en amour avec ce process méditatif original, bienveillant, thérapeutique et créatif. Il m’aide à aborder mon quotidien avec plus de joie et de curiosité, conditions que j’estime nécessaires à toute créativité.

Si vous êtes tenté·e par l’aventure, sachez que j’organise chaque mois une journée d’initiation à « Nourrir ses démons ». Laissez-moi un commentaire et je vous enverrai les informations.

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Livres cités et que je vous recommande vivement pour poursuivre la réflexion :

  • « Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » Jeanette Winterson, Éditions de L’Olivier, 2012.
  • « Connexion » Kae Tempest, Points, 2021.
  • « Nourrir ses démons » Tsültrim Allione, J’ai Lu, 2008 .
  • « Sister Outsider » Audre Lorde, Éditions Mamamélis, 2003

Photo de couverture by TH Team

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3 réflexions sur “Une réserve époustouflante de créativité”

  1. Bonjour Marie-Laurence,

    Oui, je serais intéressé d’en savoir plus sur cette pratique à les temps de pratique que tu proposes.

    J’espère que tout va pour le mieux pour toi, chaque personne, chaque chose, relation.

    Bien chaleureusement,

    Vincent

  2. Bonjour Marie-Laurence,

    Oui, je serais intéressé d’en savoir plus sur cette pratique à travers les temps de pratique que tu proposes.

    J’espère que tout va pour le mieux pour toi, chaque personne, chaque chose, relation.

    Bien chaleureusement,

    Vincent

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